Cambadélis nous disait la semaine passée: "Ségolène tu te trompes…
Et je dis modestement, Jean Christophe tu te trompes et tu nous trompes… Cherchez l'erreur!
Tes commentaires, aussi rapides après la parution du livre de Ségolène, ne cherchent-ils pas à profiter un peu des retombées médiatiques de l'ouvrage? Lui sucerais-tu la roue pour t'affirmer au sein de ton courant? Qué misère…
F Hollande n'est pas très heureux non plus en disant: "Il ne sert à rien de vouloir imputer aux autres une responsabilité" (concernant l'échec à la présidentielle), "Ce qu'on aurait pu faire de mieux, c'est d'être davantage en cohésion et en cohérence. Interrogé encore sur le fait de savoir s'il avait appris quelque chose dans le livre de son ex "Ma plus belle histoire, c'est vous", il a lâché : "On apprend toujours quelque chose dans les livres, c'est pour ça que les bibliothèques sont bien garnies". FH a toujours eu bcp d'humour nous le savons. On pourrait citer d'autres leaders…dans la même veine !
Mais qu'attendiez vous donc de la part des "éléphants", naïf blogueur?
Eh bien par exemple que F Hollande proclame la fin de la saison littéraire et consente avec fairplay à laisser le dernier mot à Ségo… pour cette année 2007!
Tout ceci est un exemple de ce qu'il ne faut pas faire… J'y cède pourtant moi aussi...
Certains camarades de DA ont trouvé qlq contre arguments pour les fans de débats.
1: S. Royal critique les sondages / médias mais a été choisie grâce à eux
Contre arguments (à débattre):
* S. Royal a été choisie par les militants après un vrai débat interne
sur le fond et pas par les médias
* S. Royal a su critiquer les médias comme lors du reportage
déséquilibré sur les législatives à Bordeaux lorsqu'elle a rappellé le
nom de la candidate socialiste, M Delananay, qui avait été omis.
2:Tu accuses les éléphants mais en fait ils n'ont "pas moufté"
Contre arguments (à débattre):
* Quand certains se livraient à des sorties "en off" ou que Rocard
vient proposer à Segolene de se désister, est ce ne pas moufter ?
* Sans oublier une démission en pleine campagne (Besson), d'un Allègre
qui allait allègrement au siège de l'UMP ou d'une sortie sur les
riches incontrôlée de F. Hollande
3: Alliance avec le Modem: l'ami de Harlem en question est Delanoë
4: L'affrontement avec Delanoë est délétère et ton livre idem
Contre arguments (à débattre):
* Cambadelis, Bartolone et Montebourg veulent un congrès de "non
choix" entre Delanoë et Royal car chacun espère que son mentor
s'imposera en 2012 (ou pour Montebourg, lui même)
* Or le non choix n'est pas efficient, il faut une ligne majoritaire
claire
Voici l'objet du délit:
Ségolène,
J'ai eu la chance de pouvoir lire ton dernier ouvrage << ma plus belle
histoire c'est vous >>. Autant te dire, j'ai trouvé l'exercice
bienvenu. Je crois nécessaire et positif que nous nous disions ce que
nous avons sur le cOEur même de façon épistolaire.
Ce livre sera un succès parce qu'il te ressemble, une part de vérité
qui n'est pas toute la vérité mais qui peut y contribuer. Dans un
parti pour le moins déboussolé, tu ne renonces pas à dire les choses
et je t'en sais gré.
Dans une formation où le leitmotiv est... << J'y crois pas >>... << Il
faudrait >>... << C'est moi ou rien >>... où le pessimisme militant le
dispute au cynisme claironnant, prendre le taureau par les cornes
n'est pas à proprement parlé un défaut.
Ta thèse ne demande pas obligatoirement une antithèse ou une synthèse
mais une confrontation politique...et fraternelle. La fraternité disait
Malraux est la seule réponse au mal absolu.
De quoi s'agit-il ? De notre troisième défaite. Je le dis parce que
cela replace notre responsabilité dans une séquence plus vaste. Il y a
comme quelque chose de casser dans la relation entre la gauche et le
pays.
Et l'on voit que le rejet ou l'engouement people ne suffit pas.
Abordons donc maintenant les trois arguments majeurs de ton ouvrage.
Le premier tient à la collusion entre les médias, les sondeurs et
Nicolas Sarkozy. Cette thèse de la manipulation médiatique peut avoir
ses partisans.
Mais n'est-elle pas dangereuse pour toi ? N'est-ce pas les mêmes
médias qui ont fait 14 Une de journaux en moins d'un an sur toi ? Ce
sont les mêmes sondeurs qui nous ont dit que tu étais la seule à
pouvoir battre Sarkozy. Il faut évidemment stigmatiser les relations
troubles et pour le moins monopolistes - doux euphémisme - entre
médias et des industriels amis du Président. Mais alors il faut le
faire tout le temps...
François Mitterrand luttait contre un pouvoir gaulliste autrement
féroce avec une concentration qui ne l'était pas moins. Pourtant il
n'a jamais mobilisé cet argument. Evidemment autres temps, autres
mOEurs, mais notre défaite ne réside t-elle pas plutôt dans un défaut
d'analyse de la société Française ?
Dans une offre idéologique et programmatique anémiée dans une
rhétorique à gauche qui n'a plus de pertinence. Dans notre difficulté
à donner du crédit à notre lutte pour l'efficacité dans la justice
sociale ou l'égalité réelle. A cause de notre division devenue
difficilement insurmontable, on le voit encore aujourd'hui, sur le
traité constitutionnel européen.
Au-delà de l'offre nécessaire d'un socialisme moderne qui conjugue
transformation sociale et efficacité économique, avons-nous bien
analysé la fragmentation du pays ? Avons-nous bien compris cette
demande de liberté ordonnée qui n'est pas un ordre juste ? Les mots
ont leur importance, les concepts aussi.
Le deuxième argument pointé est celui de la responsabilité du Parti
socialiste. Tout du moins ce que l'on appelle avec un sourire canaille
et un mépris de bon aloi, les << éléphants >>. François Hollande aurait
eu peu de goût pour l'expertise. Il avait, on l'a compris dans ton
livre, la tête ailleurs. DSK rêvassait à ses vacances pendant que ses
cerbères agissaient en eaux troubles. Laurent Fabius haussait les
épaules et se tenait sur levantin - tout en rattrapant par le col
Claude Bartolone fourvoyé dans ta campagne - Lionel Jospin, hautain,
aurait instillé le mépris. Outre que tu es tout de même allé tous les
chercher pour créer un comité politique. Je t'accorde que la primaire
a été rude... mais pour tous et la désignation a pu être trop tardive.
Mais les deux autres candidats aux suffrages des militants la
voulaient plus proche, pour avoir le temps de surmonter nos différends
politiques et humains. Pour autant personne n'a << moufté >> du jour de
l'investiture au soir du premier tour.
Tu te reproches d'avoir manqué d'autorité. Je n'avais pas remarqué. Je
crois que tu te sous estimes. Je n'ai jamais cru aux rassemblements
contraints. Car sous les sourires de façade, les Français perçoivent
les couteaux entre les dents. Donner de la synergie positive à une
campagne est une nécessité. Et si tu étais à nouveau candidate, cette
question te serait à nouveau posée. Précisément parce que tu viens par
ce livre, de faire de << leur >> attitude le marqueur d'un vrai
rassemblement.
Et puis je vais oser un paradoxe, rarement après une désignation, une
campagne n'avait été à ce point aussi peu contestée. Sans revenir à la
confrontation entre François Mitterrand et Michel Rocard, Lionel
Jospin eu à affronter Henri Emmanuelli, Premier secrétaire, et Jean
Glavany, porte parole, qui n'y allaient pas avec le dos de la cuillère
en 1995. Il termina en tête du premier tour. En 2002, le Monde fit des
gros titres sur le programme Jospin : << une campagne qui va mal >>,
sans oublier l'apostrophe célèbre de Pierre Mauroy, à propos du même
programme, << le mot ouvrier n'est pas un gros mot >>. Dans la loi du
genre tu n'as pas été la plus mal lotie.
Et puis cette mise sous tension, cette mise à distance de la direction
n'était elle pas, dans un premier temps, une des sources de ton
succès ?
Le troisième argument : François Bayrou. Ici je serais plus enclin à
te suivre. Je vois bien comment notre ami Harlem se rue sur
l'argument. François Bayrou, le MoDem, un accord avec lui c'est
inadmissible. Honnêtement il a moins sursauté lorsqu'il y a quelques
semaines un de ses amis a caressé l'idée avant de se raviser.
Au soir du premier tour une gauche historiquement basse dans une
participation forte ne pouvait l'emporter que grâce aux voix qui
s'étaient portées sur l'extrême gauche et l'UDF de l'époque. A moins
de dire que Sarkozy était élu dès le premier tour ou que nous
cherchions les voix du FN. Par contre l'épisode rocambolesque de la
visite de François Bayrou appelle deux commentaires.
Le premier - tu voulais peut être le sous entendre - c'est que
François Bayrou ne voulait pas la défaite de Sarkozy. Il ne pensait
qu'aux prochaines présidentielles. Mais alors précisément, lui
proposer d'être Premier ministre - alors que tu évoquais publiquement
Dominique Strauss Kahn - ne pouvait le convaincre. Etait-ce
judicieux ?
Tu poursuis aujourd'hui en disant qu'il faut rassembler de François
Bayrou à José Bové. Je partage ce besoin d'une opposition unifiée pour
affronter Nicolas Sarkozy.
Mais avant il faut refaire la maison commune, nous devons reconstruire
le tous ensemble. Et à ce sujet, je suis perplexe ? Si le livre
referme en ce mois de décembre la séquence douloureuse de notre
défaite tant mieux. S'il s'agit de préparer une nouvelle offensive
pour en janvier refaire une offre de service pour diriger le parti, je
suis inquiet. Non vis-à-vis de ta personne, mais de la mécanique
médiatico politique dans laquelle nous entrons. Déjà la presse se
pourlèche les babines en annonçant le << duel >>. Assurément le congrès
dans ces conditions ne serait qu'un congrès de transition, car le
perdant jouerait le match retour en 2010.
Mais en attendant bonjour le spectacle... Avec des conséquences aux
européennes et régionales non négligeables. Tu avoueras que dans ces
conditions ce ne serait pas << notre plus belle histoire >> !"
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