Ségolène Royal a pris une résolution pour la nouvelle année. En 2008, elle se verrait bien première secrétaire du Parti socialiste. L’ex-candidate à la présidentielle (47 % des voix au second tour) a affirmé hier pour la première fois sa volonté de prendre la tête du PS. «Je compte aller jusqu’au bout de ce que j’ai entamé au cours de cette campagne présidentielle pour rénover la gauche. Si je suis capable de rassembler les socialistes sur cette offre politique, j’irai jusqu’au bout de cette démarche.»
Tout aussi délicate est la position de Delanoë. «Il veut s’investir d’abord dans sa campagne, ensuite dans la rénovation du PS», explique Harlem Désir. «Jusqu’au mois de mars, Delanoë est bloqué, résume un autre proche. Il ne peut guère faire plus que ce qu’il fait aujourd’hui.» A savoir, faire plancher ses amis. Et apparaître consciencieusement à tous les raouts socialistes pour faire valoir un légitimisme que n’aurait pas sa rivale. Car pour les amis du maire de Paris, c’est bien sur le terrain du rapport au parti que se jouera le match : «Pas sûr que pendant la campagne des municipales, la stratégie de Royal de diabolisation permanente du parti et d’attaque des éléphants sera vue d’un très bon œil», estime Anne Hidalgo, adjointe de Delanoë.
Belliciste. Certains proches de Royal tentent bien de tempérer l’opposition avec Delanoë, comme Michel Sapin : «Il y a entre eux des différences de culture et d’histoire. Mais je ne vois pas de points fondamentaux qui les opposent.» Mais cette vision des choses est quelque peu enjolivée, aux yeux de l’entourage de Delanoë : «On entend dire qu’il n’y a pas de différence, qu’ils abordent les questions de société de la même façon. Mais Delanoë est un progressiste, qui pratique une véritable démocratie participative. Royal, elle, cherche une relation directe avec le peuple, sans corps intermédiaire. Il y aura de toute façon une bataille.» Une vision belliciste que partageaient avant Noël certains membres du camp adversaire : «Elle doit prendre la tête de la rénovation. Et rapidement.» Ils ont été entendus.
Reste l’arithmétique : celle de la majorité, nécessaire pour l’emporter au congrès. François Hollande, qui entend toujours peser dans le jeu d’ici son départ, nourrit le projet d’un rapprochement politique avec son ex-compagne. Projet partagé avec certains royalistes, comme François Rebsamen ou Michel Sapin. «Il y a deux légitimités dans ce parti : celle du premier secrétaire, celle de la candidate, explique ce dernier. Il faut les additionner pour former une majorité.» Mais la parution du livre de Ségolène Royal a quelque peu compliqué cette perspective. En attendant, Royal et Delanoë semblent lancés, selon un député, comme «deux trains qui foncent à grande vitesse l’un contre l’autre».
(d'après Libé)
La décision de Ségolène Royal de briguer le poste de premier secrétaire a déclenché une vague d'hostilité au Parti socialiste en pleine préparation des élections municipales de mars.
Dans l'entourage politique de Ségolène Royal, deux camps s'affrontaient sur la stratégie à adopter pour l'année 2008: partisans d'une annonce rapide avant les municipales et tenants d'une temporisation, François Rebsamen en tête.
Même au conditionnel, ces déclarations marquent une étape importante pour Ségolène Royal, qui restait jusqu'alors évasive sur ses projets au sein du PS. "J'avance. Je n'ai pas de stratégie particulière, la politique c'est d'avancer, pas de faire du surplace", a-t-elle confié jeudi soir à quelques journalistes.
"Ce n'est pas une accélération mais une progression. Elle fait un pas auprès l'autre mais le point d'arrivée n'est pas encore défini", confirme à Reuters Jean-Louis Bianco, son ancien directeur de campagne présidentielle. "Elle prend ses responsabilités et a le mérite de la clarté. Ses déclarations brouillent le jeu d'apparatchiks qui continuent à essayer de jouer le congrès en catimini", ajoute le député des Alpes-de-Haute-Provence.
Rédigé par : sainluc | 04 janvier 2008 à 17:48