Suite à ce que j’ai déjà dit, voilà ce que je voudrais rajouter : Une chose est de « ne pas jeter l’opprobre » sur le mot, mot qui a eu un sens face aux despotismes et au totalitarisme, notamment collectiviste, une autre est d’en faire aujourd’hui son étendard et de se l’approprier au point d’affaiblir le socialisme. Le mot « libéral » a un sens, et ce sens, c’est celui que nos adversaires lui ont donné. Le libéralisme a été préempté par une droite dure et, aujourd’hui, c’est le mot d’un capitalisme inquiétant, même lorsqu’il n’est pas accompagné du terme d’ « ultra ». Les libertés politiques et les droits de l’homme sont intégrés dans le socialisme démocratique depuis bien longtemps. Il est donc inutile de se dire libéral. C’est une source de confusion et c’est dangereux. La modernité politique ne passe pas par l’acceptation d’un libéralisme qui, à force de déréglementation, symbolise la perte de repères et l’écrasement de la personne humaine. Elle passe par la définition d’un socialisme du 21ème siècle, qui aille au-delà de simples ajustements à la marge des méfaits du libéralisme. Notre désaccord avec la droite porte sur la protection des libertés et la définition de nouveaux droits, mais aussi sur la politique économique et sociale (paquet fiscal, franchises médicales, casse de l'éducation nationale, abolition des 35h, retraites…). Se dire libéral et socialiste, c’est laisser croire que le socialisme ne parle pas de l’individu, de la liberté ou de l’efficacité économique et qu’il a besoin pour cela de l’apport du libéralisme. Or rien n’est plus faux. Car être socialiste, c’est : - voir que les services collectifs rendent les individus plus forts et d’une certaine façon plus libres (comment être libre quand on n’arrive pas à se loger, à se nourrir, ou quand on sort du système scolaire sans qualification ?) ; - mettre les sécurités et la solidarité au service de la libération des énergies et de la prise de risque (comment avoir l’esprit d’entreprise quand on vit dans l’incertitude et la précarité ?); - faire de la lutte contre les inégalités un moyen pour que chacun contribue à la richesse du pays et à sa compétitivité (comment se priver du dynamisme des jeunes des quartiers populaires ?) ; Le socialisme n’a pas besoin de se dire libéral. En luttant contre les inégalités, il réalise, lui, la promesse de liberté que ne tient pas le libéralisme. Le socialisme est un dépassement du libéralisme et pas une doctrine d’appoint. Sur la question du Parti et des alliances Nous voulons d’abord un parti fort car ouvert sur la société, ferme sur ses convictions et ses valeurs. Le parti socialiste doit être un centre de gravité pour la gauche. Une fois qu’il aura réaffirmé ses valeurs et défini son projet, tous ceux qui partageront ses ambitions, à gauche comme au centre, pourront nouer des alliances avec lui. Ségolène Royal
Pour contrer Royal, Delanoë drague Aubry
Un effet Aubry limité et un duel Royal-Delanoë qui se confirme et s’annonce serré. C’est en résumé les conclusions à tirer du sondage Viavoice-Libération réalisé en fin de semaine (1). Malgré les efforts fournis le dimanche 1er juin à l’occasion de la réunion des reconstructeurs du Parti socialiste pour apparaître comme une alternative possible à l’affrontement entre la présidente de la région Poitou-Charentes et le maire de Paris, Martine Aubry reste largement devancée par Bertrand Delanoë (21 %) et Ségolène Royal (20 %) : seulement 10 % des sondés la voient comme la meilleure dirigeante du Parti socialiste au cours des années qui viennent. Même résultat auprès des sympathisants de gauche et des sympathisants socialistes qui ne sont que 14% à préférer la maire de Lille.
Langue de bois. Globalement serré, le match Royal-Delanoë tourne en revanche à l’avantage de la première si l’on s’en tient à l’avis des sympathisants de gauche (Ségolène Royal obtient 29 % contre 22 % à son adversaire) et des sympathisants socialistes (31 % contre 24 %). Le maire de Paris subit sans doute là les effets du débat qui a suivi l’affichage de son «libéralisme» politique dans son dernier livre De l’audace !. Car le mot continue de heurter les sympathisants de gauche et plus encore ceux du Parti socialiste. Ségolène Royal ne s’y était pas trompée, qui a aussitôt dénoncé l’utilisation par le maire de Paris d’un vocabulaire normalement attribué à la droite.
Ce sondage suffira-t-il à rassurer Ségolène Royal ? Samedi, à propos du processus de désignation du prochain premier secrétaire, elle s’est inquiétée que le «calendrier [soit] extrêmement long, sans doute trop long». «Nous avons besoin d’un leader, d’une équipe, d’un projet», a-t-elle poursuivi, ajoutant que «malheureusement, [les socialistes allaient] devoir attendre le mois de novembre».
«Nous avons tellement de travail à faire sur nos idées que nous avons besoin de temps», lui a répondu hier soir Bertrand Delanoë, invité du Grand Jury RTL-LCI-le Figaro. Et le maire de Paris d’ajouter : «La question du premier secrétaire n’est pas la question essentielle, même si c’est important.» Suffisamment important quand même pour l’évoquer dans la plus belle langue de bois. «Je serai candidat si c’est le bon moyen de bien travailler pendant trois ans», a déclaré Bertrand Delanoë, qui insiste quelques minutes plus tard : «Si c’est utile, je vais l’être [premier secrétaire, ndlr] de bon cœur.»
Tendresse. Le maire de Paris a également profité de l’occasion pour draguer ouvertement son homologue lilloise. «Martine Aubry est une femme que j’aime beaucoup. On a de l’amitié l’un pour l’autre», a-t-il souligné après avoir été beaucoup moins prolixe sur sa tendresse pour l’ex-candidate à la présidentielle. Histoire que le message soit clair, le maire de Paris a insisté : avec Martine Aubry, «on pense la même chose. On vient de la même branche politique, on était dans la même équipe jusqu’à il y a quelques semaines [la jospinie, ndlr]. Si je n’abordais pas le congrès avec elle, ce serait un peu curieux». Un appel du pied à constituer dès que possible un front anti-Royal, on ne peut plus clair.
(1) Sondage réalisé les 5 et 6 juin auprès de 1 007 personnes.
Rédigé par : libé | 09 juin 2008 à 17:17