Le score du 7 juin a de multiples raisons. J’en ai vu quelques unes:
- L’image calamiteuse de Reims. Le PS ne voit pas venir la révolution démocratique nécessaire et c’est pour cela qu’il se meurt. Il faut aller vers l’inconnu pour trouver du nouveau.
- Des petites erreurs de campagne ; élaboration des listes, stratégie Sarko-Barroso stop, un bulletin de vote tristounet
- Mais aussi sur un plan plus global et stratégique : Notre parti s’est trompé de campagne et d’électorat, en grande partie pour des raisons d’équilibres internes à la direction. On a voulu faire plaisir au soldat Hamon… et on a tué le soldat Hamon. Aux Européennes, votent les couches moyennes et supérieures urbanisées, et les retraités. Les derniers votent à droite en majorité, les premiers constituent une catégorie volatile mais attachée à un discours européen.
Notre critique de l’Europe libérale a été interprétée comme une tiédeur à l’égard de l’Europe. Cohn Bendit a su capter cet électorat, en mixant habilement Europe et questions environnementales. Il a bénéficié de nos voix plus que le Front de Gauche.
- Nous n’avons pas su utiliser « le Manifesto » dans son aspect le plus novateur : l’esquisse d’un modèle de développement autour d’un tryptique qu’avait porté Ségolène: efficacité économique, sécurité pour la sphère sociale, exigence environnementale. La direction a préféré faire une campagne des années 80, faute d’être capable d’entendre les citoyens et de faire travailler, dans et hors le parti, ceux qui ont des compétences et qui sont tenus à l’écart par un conglomérat de grands féodaux.
- Nous avons aussi été emportés par un phénomène européen : face à la crise, les droites au pouvoir ont su faire passer l’idée qu’elles incarnaient une stabilité rassurante et qu’elles étaient pragmatiques. En reprenant des idées de gauche !
Le seul sujet aujourd’hui : comment sort-on le PS et la gauche de cette situation, sachant que le vote Vert est tout sauf un vote d’adhésion à un programme. Lequel d’ailleurs ? Celui de la décroissance de Cochet avec un impôt supplémentaire au 3ème enfant, l’anarcho-syndicalisme de José Bové, le gouvernement des juges version Eva Joly ?
Trois dimensions doivent être abordées :
- celle du programme : elle est commune à tout le PSE. Il faut affiner nos réponses, refuser les tabous et mieux communiquer de manière plus pragmatique Les gens ne supportent plus les slogans et le robinet à produire des phrases toutes faites ;
- celle de la méthode pour rassembler la gauche : accord de gouvernement le plus large possible et primaires ; l’abandon du système des motions
- celle de la rénovation du parti et de sa gouvernance, avec notamment un meilleur équilibre entre appareil et militants.
C’est beaucoup de travail, mais c’est la condition pour ne pas voir la droite gouverner ce pays pour les vingt ans à venir ! C’est ce travail qu’il faut faire, partout où nous sommes : dans le 92 comme dans les universités populaires de la connaissance.
Et je ne suis pas sur qu’il faille attendre 6 mois pour commencer…
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